Femmes et résistance


Pour le 70e anniversaire du premier vote des femmes (29 avril 1945) et l’entrée au Panthéon de deux illustres résistantes - Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz -, la France a rendu hommage aux femmes actives dans la résistance par une exposition centrée sur 15 d’entre elles. Sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris, et du Panthéon, des panneaux illustrés de photographies ont retracé leur engagement. Une exposition historique et politique. Le 12 mai 2019 à 16 h 30, le Mémorial de la Shoah proposera, dans l'Auditorium Edmond J. Safra, la conférence sur France Bloch-Sérazin animée par Cécile Vast, docteure en histoire, chercheuse associée au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, en présence des auteurs d'un documentaire et d'un livre sur cette résistante juive communiste française,

L’historiographie a longtemps méconnu le rôle actif et divers des femmes dans la Résistance française à l’Occupation nazie et au régime de Vichy.

« Agents de liaison, cantinières, infirmières, secrétaires, standardistes ou combattantes…. Les Françaises ont largement participé à la Résistance. Une fois l’armée française défaite et l’Armistice signé, alors que la France de Vichy entre en collaboration avec l’Allemagne, des voix s’élèvent pour dire non et résister dès l’été 1940 ». 

« Parmi ces voix, celles des femmes. Durant les quatre années d’occupation, elles résistent, chacune à leur manière : hébergement de clandestins, organisation de réseaux, impressions de tracts et de journaux clandestins, préparation d’engins explosifs, évasions, collecte et transmission d’informations. 

Certaines s’engagent dans les Forces françaises libres (1 800 femmes). Ce qui incite le général de Gaulle à fonder le 7 novembre 1940 « le corps des volontaires françaises, la première unité féminine de l’armée française. C’est une révolution car ces femmes qui signent un engagement militaire n’ont pas encore le droit de vote ». 

En 1944, à la Libération, cet « engagement n’est pas valorisé ». Misogynie ? Ignorance ? Les femmes « sont les grandes oubliées du conflit : elles auraient représenté 15 à 20 % des membres de la Résistance, mais on compte seulement six femmes parmi les 1 038 Compagnons de la Libération et elles représentent à peine 10 % des médaillés de la Résistance ». 

A partir de la fin des années 1970, les études sur les femmes se multiplient, et « depuis une trentaine d’années, ces combattantes et résistantes sortent de l’ombre ». 

En brossant les portraits de quarante-six figures héroïques, l’exposition Femmes et Résistance vise à rendre hommage à toutes ces femmes. Exposés deux mois, en extérieur, vingt panneaux sont visibles par les passants de deux lieux symboliques : l’Hôtel de Ville de Paris, « lieu emblématique de la libération de Paris », et le Panthéon, où Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle Anthonioz « sont entrées » au printemps 2015. 

Curieusement, cette exposition occulte l’engagement politique de certaines résistantes : ainsi, Lucie Aubrac était engagée dans les Jeunesses communistes – la judéité de son époux Raymond est omise -.
Seule photographie détériorée par un « Beurck » : celle de Denise Vernay, née Denise Jacob en 1924 et sœur ainée de Simone Veil.

Le 27 mai 2016 de 19 h à 21 h, pour la troisième année, le Mémorial de la Shoah a célébré la Journée nationale de la Résistance. Une rencontre était organisée autour de descendants de figures de la Résistance juive en France, et du travail entamé pour perpétuer la mémoire de leurs engagements, à travers notamment les commémorations ou la littérature. Animée par Olivier Lalieu, historien, responsable de l’aménagement des lieux de mémoire et des projets externes, la rencontre réunit Georges Duffau-Epstein, président de l’Association nationale des familles de fusillés et massacrés de la Résistance française et ses amis, Guy Konopnicki, journaliste et romancier, et François Rachline, professeur à Sciences-Po.

Le 4 mai 2017, à 23 h 45, France 3 rediffusera RésistantesLes femmes seules face à l'adversité, documentaire de Pierre Hurel (60 min). "Militaires, mères, infirmières, épouses ou espionnes : de 1939 à 1945, les femmes entrent en guerre et reprennent les rênes d'une Europe traumatisée. Une armée de femmes, célèbres ou anonymes, se bat pour échapper à la misère, s'affranchir du joug des hommes et du gouvernement, quitter le foyer et retrouver sa  (...)"

Le 12 mai 2019 à 16 h 30, le Mémorial de la Shoah proposera, dans l'Auditorium Edmond J. Safra, la conférence sur France Bloch-Sérazin, chimiste française juive, fille du journaliste, historien et poète communiste Jean-Richard Bloch et nièce de l'écrivain André Maurois, résistante communiste guillotinée à Hambourg (Allemagne). La conférence était animée par Cécile Vast, docteure en histoire, chercheuse associée au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, en présence des auteurs d'un documentaire et d'un livre sur cette résistante juive communiste française, et "autour de la parution de France Bloch-Sérazin. Une femme en résistance (1913-1943), d’Alain Quella-Villéger, éd. des femmes - Antoinette Fouque, 2019 et de Mon Frédo, de Marie Cristiani, Arcane 17, 2018. « Mon Frédo » sont les deux premiers mots de la lettre d’amour que France Bloch écrivit à son mari, quelques heures avant son exécution, en Allemagne, le 12 février 1943. Cette lettre, Frédo Sérazin ne la recevra jamais. Il sera lui-même exécuté par la Gestapo, juste avant la fin de la guerre."


Suivi de "France Bloch, Frédo Sérazin" de Marie Cristiani (France, documentaire, 52 mn, C production/France 3, 2005) : "Fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch, France appartient à l’élite intellectuelle. Frédo Sérazin est un ouvrier métallurgiste. Militants communistes engagés dans les luttes sociales et le soutien à la République espagnole, ils se marient en mai 1939, mais sont bientôt séparés par la guerre et confrontés à la répression antijuive et anticommuniste. Tous deux sont exécutés. France, qui rejoint dès 1940 l'organisation armée du PCF clandestin, est arrêtée en mai 1942, condamnée à mort par un tribunal allemand et transférée à la prison de Hambourg où elle est décapitée le 12 février 1943. Mobilisé en septembre 1939, puis renvoyé en usine comme « affecté spécial », Frédo est interné, s'évade par deux fois et rejoint les FTPF de la Loire. Arrêté par la Gestapo à St-Etienne en juin 1944, il est torturé et exécuté. Il n'a jamais reçu la lettre que France lui a adressée avant sa mort. Ils laissent un petit garçon, Roland, né en 1940. Le film France Bloch, Frédo Sérazin, réalisé en 2005 par Marie Cristiani pour France 3 Corse et primé à Nice en 2006 meilleur documentaire au Festival du film sur la Résistance, retrace le parcours croisé de ce « couple en résistance » auquel Evelyne Bouix et Pierre Arditi prêtent leur voix, et tisse le fil conducteur du coffret multimédia. Le cédérom et le livret d'accompagnement proposent un riche ensemble documentaire - banques d'images ; facsimilés de documents d'archives ; synthèses d'historiens ; pistes d'exploitation pédagogiques diversifiées et transdisciplinaires - qui éclaire l'histoire des femmes et des communistes dans la Résistance."



Jusqu’au 6 juillet 2015
Au Panthéon
Place du Panthéon, 75005 Paris

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Les  citations proviennent du dossier de presse. L'article a été publié le 6 juillet 2015, puis les 27 mai 2016 et 4 mai 2017.

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